Le bourbier algérien ...
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De Gaulle et l'Algerie
Le général m'avait dit quelques jours plus tôt : « L'intégration, c'est une entourloupe pour permettre que les musulmans qui sont majoritaires en Algérie à dix contre un, se retrouvent minoritaires dans la République française à un contre cinq. C'est un tour de passe-passe puéril !
On s'imagine qu'on pourra prendre les Algériens avec cet attrape-couillons ? » Et de continuer : « Avez-vous songé que les Arabes se multiplieront par cinq, puis par dix, pendant que la population française restera presque stationnaire ? Il y aurait deux cents, puis quatre cents députés arabes à Paris ? Vous voyez un président arabe à l'Elysée ?
Lagaillarde et Ortiz
Le rappel du général Massu, commandant militaire à Alger, à la suite d'une interview imprudente donnée à un quotidien allemand va brutalement assombrir le climat. Massu paraissait y désapprouver la voie où s'engageait de Gaulle depuis le 16 septembre 1959, et réaffirmait sa position en faveur de l'Algérie française. Les Algérois considérèrent que la sanction qui le frappait était l'aveu que le pouvoir abandonnait l'Algérie française. Des manifestants, menés par le député Lagaillarde et le cafetier Ortiz (à gauche), déclenchent une émeute. Les manifestants s'en prennent aux forces de l'ordre ; des coups de feu sont échangés : on dénombre vingt morts, dont quatorze gendarmes mobiles, et cent cinquante blessés.
Les émeutiers les plus décidés se retranchent ensuite dans le quartier des facultés, où ils dressent des barricades. Un tract distribué le lendemain annonce que l'insurrection est dirigée contre de Gaulle. L'administration ne sait que faire. L'armée ne bouge pas : ces rebelles bénéficient de la sympathie de nombreux officiers ; ils en attendent le ralliement.
En métropole, en revanche, règne une atmosphère de crise. De Gaulle, à peu près seul, garde son sang-froid. Il a annoncé qu'il parlerait au pays le 29 janvier 1960; on le presse d'avancer son intervention ; il n'en fait rien. Le jour dit, il paraît sur les écrans de télévision, en uniforme, et tient un discours d'une grande fermeté : rien ne le fera dévier de la voie qu'il s'est tracée et qui, « décidée par le gouvernement, approuvée par le Parlement, a été adoptée par la nation française ».
Deux jours plus tard, les insurgés se rendent, les barricades sont démantelées ; l'ordre public règne à nouveau dans la ville d'Alger.
La crise a été chaude, mais de Gaulle en sort renforcé : la métropole tout entière l'a suivi et soutenu. Le 1er février, les syndicats ont fait observer une heure d'arrêt de travail dans toute la France pour manifester leur appui à de Gaulle. Le 2 février, le Parlement lui accorde à une très forte majorité le pouvoir de légiférer par ordonnances. Les socialistes ont voté les pouvoirs spéciaux, tandis qu'une large fraction de la droite glisse vers une opposition radicale.
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De Gaulle après 1947